Rues transformées en torrents, maisons inondées : des pluies diluviennes ont frappé jeudi Abidjan, la capitale économique ivoirienne, faisant trois morts et causant d’importants dégâts.
Deux personnes ont péri et 35 ont été mises en sécurité, selon le Groupement de sapeurs pompiers militaires d’Abidjan, mais un journaliste a vu un troisième corps sans vie.
Ces morts s’ajoutent aux 16 autres survenues au cours d’un glissement de terrain jeudi dernier dans un quartier déshérité, déjà à la suite de pluies torrentielles.
“En une demi-heure, l’eau est montée d’un mètre et demi. On a dû se réfugier sur le toit de la maison, un torrent dévalait la rue”, a témoigné auprès de l’AFP Thomas Diego Badia, un journaliste dont la société de production est située dans la “Cité Reconciliation”, un endroit cossu de Cocody Riviera.
Les rues de cette cité et de la “Cité Allabra” voisine étaient couvertes de boue et de débris végétaux ou ménagers charriés par les eaux et jonchées de nombreuses voitures défoncées, certaines retournées sur le toit.
Le portail d’entrée de la Cité Réconciliation, une pièce métallique de quatre mètres de haut, a été arraché et jeté à terre. Des murs se sont effondrés. Un lampadaire est tombé sur une maison.
Les images diffusées par des Abidjanais sur les réseaux sociaux, au plus fort des pluies orageuses qui ont duré trois heures en milieu de journée, sont impressionnantes, montrant des artères de la capitale économique ivoirienne transformées en torrents d’eau boueuse.
Armés de seaux, de balais et de serpillères, les habitants s’affairaient jeudi après-midi à nettoyer leurs maisons au sol recouvert de boue, tant bien que mal, constatant les dégâts.
“Tout est foutu à l’intérieur”, déplore un habitant, M. Acket.
“On ne sait plus où aller”
“On ne sait plus où aller, on ne peut pas dormir dedans, on se retourne vers Dieu”, se lamente un autre, Kevin Brou.
La saison des pluies a commencé en mai et dure habituellement jusqu‘à fin juillet à Abidjan, qui connaît un climat sub-équatorial.
Le scénario des pluies torrentielles suivies d’inondations dévastatrices est récurrent dans cette métropole de cinq millions d’habitants en croissance continue, dont les infrastructures sont insuffisantes.
Après des inondations meurtrières de 2018, qui avaient frappé les mêmes quartiers et fait 18 morts, les autorités avaient pourtant entamé d’importants travaux pour curer les canaux d‘évacuation d’eaux et détruire les constructions illégales qui parfois les barraient.
A Adjamé-Williamsville, un quartier populaire, un autre canal d‘évacuation des eaux a débordé, l’eau montant d’environ trois mètres et transformant une large artère de circulation en torrent, selon les témoignages de commerçants.
“On a eu le temps de se mettre à l’abri avec nos marchandises”, a expliqué Steve Benjamin, un vendeur de vêtements.
Trente minutes après que les eaux sont redescendues, tous les vendeurs informels avec leurs marchandises posées à même le sol étaient revenus, une multitude d’ordures et quelques souches d’arbres présentes dans la rue témoignant du niveau atteint par les flots.
AFP