Le procès de l’ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens, Charles Blé Goudé, qui devait s’ouvrir mercredi, a été reporté, un pourvoi en cassation ayant été déposé, a indiqué à l’AFP l’un de ses avocats, Me Suy Bi Gohoré.
Le président du tribunal criminel d’Abidjan a décidé de “retirer l’affaire du rôle” dans l’attente de l’examen du pourvoi par la cour de cassation, qui pourrait prendre plusieurs mois, a expliqué l’avocat.
M. Blé Goudé est accusé par la justice ivoirienne d’“actes de torture, homicides volontaires et viol”, selon ses avocats, qui dénoncent une “violation flagrante” de ses droits.
En effet M. Blé Goudé, acquitté en première instance par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité, est en liberté conditionnelle aux Pays-Bas, dans l’attente de l’examen de l’appel de la procureure. Il ne peut pas rentrer en Côte d’Ivoire tant que la procédure n’est pas terminée.
L’audience qui était programmée mercredi constituait “une violation flagrante” du “droit élémentaire (de M. Blé Goudé) à un procès équitable, qui requiert la présence de l’accusé”, avait expliqué mardi Me Ndry Claver, un autre de ses avocats, lors d’une conférence de presse.
Le pourvoi en cassation est fondé sur l’absence de M. Blé Goudé et sur d’autres vices de forme dans la procédure, a indiqué à l’AFP Me Suy Bi Gohoré.
“Charles Blé Goudé n’est pas en fuite, il ne se soustrait pas à la justice ivoirienne. Il est à la CPI par l’action des autorités ivoiriennes”, avait souligné Me Ndry Claver.
M. Blé Goudé avait été transféré à la CPI en 2014 par les autorités ivoiriennes.
Son parti, le Congrès panafricain pour la justice et l‘égalité des peuples, a dénoncé un “harcèlement politique contre son président”. L’ancien “général de la rue”, ainsi surnommé pour sa capacité à mobiliser les partisans de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a annoncé avoir des ambitions présidentielles à long terme, après la prochaine élection d’octobre 2020.
Le mouvement des Jeunes patriotes a souvent été qualifié de milice par les détracteurs de Charles Blé Goudé et des ONG internationales, qui considèrent que ce dernier a été l’un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d’Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 dans les violences post-électorales ayant fait plus de 3.000 morts.