Ce qui aurait pu sembler une audience protocolaire entre deux hauts responsables s’est avéré être un moment charnière dans la diplomatie de développement de la Guinée. En marge du 11e Forum Régional Africain sur le Développement Durable, le Secrétaire Général du Ministère guinéen du Plan et de la Coopération Internationale, M. Kabèlè SOUMAH, a été reçu par M. Claver Gatete, Secrétaire Exécutif de la Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA-ONU).
Soutenu par l’Ambassadeur de Guinée en Éthiopie et un haut cadre de la planification nationale, M. Soumah ne venait pas simplement pour transmettre les félicitations d’usage. Il portait dans ses valises une proposition stratégique, un message clair : la Guinée veut passer du statut d’agent à celui d’architecte du développement continental .
Un projet pour repositionner la Guinée sur l’échiquier africain
La rencontre a permis d’exposer une initiative audacieuse : la création de l’Institut International du Développement de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (IIDCSST) , que la Guinée ambitionne d’accueillir sur son sol. Ce projet n’est pas une simple vitrine. Il incarne une volonté de repenser les modèles classiques de coopération pour les adapter aux réalités africaines, en capitalisant sur les expériences croisées entre pays du Sud et les solidarités triangulaires émergentes.
Dans un contexte où les modèles occidentaux de développement montrent leurs limites, cette initiative guinéenne fait écho à une aspiration plus profonde : celle de l’autonomie intellectuelle et stratégique des États africains . Pour cela, la Guinée semble vouloir devenir un pôle de pensée, de formation et d’innovation pour les politiques publiques sur le continent.
Prospective, planification et renforcement des capacités : les mots-clés de l’agenda guinéen
Outre le projet d’institut, la délégation guinéenne a plaidé pour un appui de la CEA dans le renforcement des compétences techniques en prospective, statistique et planificationle au profit des cadres du ministère. Une démarche qui s’inscrit dans la logique de transformation structurelle de l’administration publique, et qui vise à doter le pays d’une colonne vertébrale analytique solide pour piloter ses ambitions de développement.
Car sans données fiables, sans vision de long terme, sans mécanismes d’évaluation anticipative, aucun plan ne peut résister aux vents de l’incertitude mondiale. La Guinée semble en avoir pleine conscience.
La CEA-ONU, un levier de choix dans cette trajectoire
Créée en 1958, la CEA-ONU joue un rôle fondamental dans la coordination des efforts régionaux pour le développement durable. Elle incarne un espace de dialogue, de concertation, mais aussi de soutien technique et financier. En sélectionnant d’y porter ses revendications et ses projets, la Guinée démontre qu’elle maîtrise les arènes où se négocie aujourd’hui le futur du continent.