Place à la grande fête après presque 30 ans d’attente: l’Algérie a accueilli samedi dans liesse ses héros, qui ont conquis la deuxième Coupe d’Afrique des nations de son histoire, en battant la veille le Sénégal (1-0) au Caire.
Les Fennecs, médailles de champions au cou, sont arrivés en début d’après-midi à l’aéroport d’Alger où les attendait une délégation conduite par le Premier ministre Noureddine Bedoui.
Le capitaine Ryad Mahrez était le premier à sortir de l’appareil, en brandissant le trophée, avec le sélectionneur Djamel Belmadi.
Sur le tarmac, les pompiers ont offert aux joueurs un « water salute », un arc réalisé avec des lances à eau, selon des images retransmises en direct par la télévision nationale.
Les joueurs ont ensuite parcouru un tapis rouge jusqu’au salon d’honneur de l’aéroport puis sont montés à bord d’un car spécialement aménagé pour parader dans les rues d’Alger, où les attendait depuis des heures une foule sous un soleil de plomb.
« Je suis ici depuis 09H00 (08h00 GMT) pour voir les joueurs et partager ma joie avec les autres supporteurs. Maintenant, nous rêvons de la coupe des Confédérations », a affirmé à l’AFP Hocine, 22 ans, venu de Biskra (400 km au sud d’Alger).
Aux cris de « One, two, three, viva l’Algérie », les supporteurs, certains drapés du drapeau national, ont ovationné leur héros, installés en haut du bus à impériale, qui agitaient des drapeaux algériens.
« Fiers de vous »
Le bus, frappé des deux étoiles et de l’inscription « nous sommes fiers de vous » en arabe et en tamazight (berbère), les deux langues officielles du pays, avait par endroit du mal à avancer en raison du grand nombre de supporteurs qui tentaient de s’en approcher.
Le véhicule, escorté par un nombre important de motards et de véhicules de la police, doit se rendre jusqu’à la place du 1er mai où des milliers de personnes sont rassemblées depuis la matinée pour fêter le sacre avec les joueurs.
« Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit à cause des célébrations mais j’ai tenu à être présent ici à la place du 1er mai pour voir de près Baghdad Bounedjah –auteur du but de la finale– afin de l’enlacer et le remercier pour cette fabuleuse victoire », confie Madjid, 28 ans, qui a fait le déplacement depuis Médéa (80 km au sud-ouest d’Alger).
L’épopée des Verts –au fond du trou il y a deux ans avec une élimination sans gloire dès le 1er tour de la CAN-2017 et une instabilité chronique autour du poste de sélectionneur– a été inattendue.
Ils ont gagné 1-0 vendredi soir contre le Sénégal au Caire, lors d’une finale à laquelle ont assisté près de 20.000 supporters algériens, dont le président par interim Abdelkader Bensalah. Les Fennecs ont remporté le titre 29 ans après celui de 1990.
D’Oran, la ville natale de Baghdad Bounedjah, à Paris et Marseille, où il y a une importante diaspora, les supporters des Fennecs ont célébré la victoire toute la nuit dans une ambiance festive dans l’ensemble, malgré quelques incidents.
La deuxième étoile africaine des Fennecs arrive dans « un moment très particulier », souligne le président de la fédération algérienne, alors que le pays connaît un mouvement de contestation inédit contre l’élite politique depuis fin février, qui a vu notamment la démission du président Abdelaziz Bouteflika.
« Extraordinaire élan populaire »
La prestation des joueurs s’est aussi réalisée « sous l’impulsion de cet extraordinaire élan populaire qui est en train d’emmener l’Algérie vers des jours meilleurs ».
Si les joueurs ont unanimement reconnu l’importance du « hirak » dans leur épopée, un nom est sur toutes les lèvres pour expliquer la raison de cette renaissance sportive: Djamel Belmadi. L’homme qui a transformé, en moins d’un an, une équipe moribonde, absente du Mondial-2018, en une machine à gagner.
« Il mérite tous les éloges (…) Il a reconstruit l’équipe », a déclaré Riyad Mahrez.
« C’est magnifique ce qu’ont fait les garçons, il faut les féliciter vraiment. Ils ont été à la hauteur des attentes du peuple », a dit vendredi Djamel Belmadi.
Symbole de la transformation des Fennecs, Mahrez, auteur d’un coup franc d’anthologie en demi-finale, a semblé devenir un autre joueur depuis qu’il a hérité du brassard de capitaine: « J’ai toujours eu beaucoup de responsabilités en sélection. Mais en ayant le brassard, il m’a donné beaucoup de confiance ».
Avec des jeunes talents comme Ismaël Bennacer, élu meilleur joueur du tournoi à seulement 21 ans, ou Youcef Atal, l’avenir de la sélection algérienne s’annonce radieux. D’autant plus qu’elle ne s’appuie plus exclusivement sur les Binationaux, qui représentent encore 14 joueurs sur 23, mais aussi sur une vague de talents locaux comme Youcef Belaïli et Baghdad Bounedjah.