Le président nigérian Muhammadu Buhari a lancé dimanche un appel à la « paix » au Nigeria où les autorités peinent à mettre fin aux pillages après deux semaines de contestation populaire dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
Le chef de l’Etat nigérian a ajouté qu’il soutenait le principe d’une enquête judiciaire à Lagos « pour rendre justice aux manifestants pacifiques qui ont perdu la vie, aux hommes de la sécurité qui ont été assassinés » et à ceux qui ont perdu des biens pendant les journées de violences, selon un communiqué publié par la présidence.
Il a également « appelé la population dans tout le pays à maintenir la paix et la fraternité », selon les termes du communiqué.La répression sanglante de manifestations pacifiques à Lagos mardi soir, qui ont fait 12 morts selon Amnesty International ont indigné le pays et la communauté internationale.
M.Buhari a été vivement critiqué pour ne pas s’être exprimé après ces violences.Selon le communiqué de la présidence, M. Buhari a « évité d’entrer dans un débat » sur ces événements tant que « tous les faits n’avaient pas été établis ».
Dimanche, la situation était calme à Lagos, capitale économique du pays où le couvre-feu instauré mardi pour tenter de freiner l’escalade des violences a été allégé samedi. Des bâtiments officiels y ont été incendiés, des supermarchés pillés et des véhicules détruits pendant les violences.
Mais les autorités avaient du mal à mettre fin à une vague de pillages dans plusieurs régions du pays où des foules ont défié le couvre-feu pour piller des entrepôts du gouvernement. Le chef de la police du pays a ordonné samedi la mobilisation immédiate de toutes les « unités opérationnelles » pour tenter de reprendre le contrôle de la situation.
Les gouverneurs ont instauré un couvre-feu total dans une série d’Etats après le pillage de stocks alimentaires qui étaient destinés à être distribués pendant le confinement mis en place pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.
Selon Amnesty, au moins 56 personnes ont été tuées dans tout le pays depuis deux semaines de soulèvement. Les autorités ont insisté sur le fait que les manifestations avaient été « détournées » par des criminels, mais les manifestants affirment que les responsables tentaient de saper leurs demandes de changement.
La présidence nigériane a ajouté que 229 suspects accusés de pillage et de destruction de biens devaient faire l’objet de poursuites à Lagos.
Le Nigeria, pays de 200 millions d’habitants et premier producteur de pétrole d’Afrique, est réputé pour être l’un des pays les plus corrompus au monde. Près de la moitié de ses habitants vivent dans une grande pauvreté.
AFP