Des hommes armés et masqués ont fait irruption samedi au siège de l’ancien parti au pouvoir en Guinée-Bissau, ont déclaré deux membres du parti, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest récemment secoué par une tentative de coup d’État.
Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui a dirigé la transition de cette ancienne colonie portuguaise vers l’indépendance en 1974, conteste toujours l’élection en 2019 du président Umaro Sissoco Embalo.
Selon Sabado de Pina, membre du PAIGC, des hommes armés et masqués ont fait irruption samedi au siège du parti dans la capitale, Bissau, et « semé la panique en frappant les agents de sécurité ». « Ils ont ensuite endommagé la porte principale avant de s’introduire à l’intérieur de notre siège où ils ont procédé à une fouille systématique », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Mme De Pina a laissé entendre que les assaillants étaient des membres des forces de sécurité. Fatima Martins, une autre membre du parti, a fait un récit similaire, jugeant cette intrusion « inacceptable ». Le ministère de la Défense n’était pas joignable dans l’immédiat. Ce raid intervient après la tentative de coup d’État avortée du 1er février en Guinée-Bissau.
Ce jour-là, des hommes armés ont attaqué le Palais du gouvernement, où siègent les ministères, pendant que le président Embalo y présidait un conseil des ministres. M. Embalo, 49 ans, était sorti indemne après des heures d’échanges de tirs qui ont fait 11 morts, selon le gouvernement. Il a présenté le coup de force du 1er février comme directement lié au trafic de stupéfiants dans ce pays souvent décrit comme un narco-Etat.
Le 10 février, le président a annoncé trois arrestations liées à la tentative de coup d’Etat, dont celle d’un ancien chef de la marine nationale, Jose Americo Bubo Na Tchuto. Mardi, l’ex-premier ministre et leader du PAIGC Domingos Simoes Pereira a également été interdit de quitter le pays dans le cadre d’une enquête sur une tentative de putsch présumée en 2021.
M. Pereira a contesté le résultat des élections de 2019 face à M. Embalo, qui s’est déclaré vainqueur sans attendre l’issue du recours de l’ancien Premier ministre auprès de la Cour suprême. Le président a également limogé vendredi le chef de la marine nationale, ainsi qu’un haut commandant de l’armée, pour des raisons qui restent floues.
La Guinée-Bissau, petit pays d’environ deux millions d’habitants, est abonnée aux coups de force. Depuis son indépendance du Portugal en 1974, elle a connu une kyrielle de coups d’Etat, militaires ou non, dont le dernier ayant réussi remonte à 2012.
AFP