L’Etat béninois va mettre aux enchères du mobilier et un véhicule de luxe saisis au domicile de Sébastien Ajavon, richissime homme d’affaires et figure de l’opposition en exil condamné deux fois par la justice de son pays, selon un communiqué mardi du Trésor.
Au total, 140 meubles de luxe, oeuvres d’art et objets électroménagers, de même qu’une voiture de marque Rolls Royce dont la mise à prix est de 80 millions de francs CFA (122.339 euros) sont mis en « vente aux enchères à la requête de l’Etat béninois », annonce l’agence judiciaire du Trésor béninois.
La vente doit se tenir le 9 août à Cotonou. Le 1er juillet, le domicile de M. Ajavon, situé en plein coeur de la capitale économique, avait été vidé par les services fiscaux escortés par un impressionnant détachement militaire et policier. Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, était arrivé troisième et s’était rallié à l’actuel président, Patrice Talon.
Les relations entre les deux hommes, deux milliardaires qui s’opposaient en politique et en affaires, s’étaient vite dégradées. En octobre 2016, M. Ajavon avait été arrêté après la découverte d’environ 18 kilos de cocaïne pure d’une valeur estimée à 14 millions d’euros dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés. Il avait été relaxé quelques mois plus tard, faute de preuve et « au bénéfice du doute ». Mais un tribunal spécial l’avait ensuite condamné en 2018 par contumace à 20 ans de prison.
Cette condamnation a été jugée illégale par la Cour africaine des droits de l’Homme, saisie par l’opposant en exil à Paris, mais le Bénin refuse de l’annuler. Il a de nouveau été condamné en mars 2021 à une deuxième peine de cinq de prison ferme pour « faux, usage de faux et escroquerie ».
Élu en 2016, réélu en 2021, le président Talon a engagé des réformes politiques et économiques tous azimuts en vue d’engager son pays dans la voie du développement. Mais cette impressionnante modernisation s’est aussi accompagnée d’un important recul démocratique, selon l’opposition, réduite quasiment à néant aujourd’hui.
AFP