Le Conseil de sécurité des Nations Unies a effectué dimanche une visite au Soudan du Sud. Les 15 membres du Conseil ont décrit cette visite comme une « opportunité » de garantir une paix durable dans ce pays affecté par un conflit.
« Les dirigeants du Soudan du Sud ont la possibilité de faire des compromis politiques et de passer à la prochaine phase du processus de paix de manière crédible, transparente et responsable », a déclaré Kelly Craft, la Représentante permanente des États-Unis à l’ONU, qui a fait partie de la délégation du Conseil.
L’ambassadrice américaine, qui a pris ses fonctions le mois dernier, a souligné qu’ « il y a une opportunité pour le peuple du Soudan du Sud de vivre sans violence politique et d’assurer un avenir économique à leurs enfants. Il existe une opportunité de voir une nouvelle génération au Soudan du Sud qui ne dépende pas de l’assistance humanitaire pour promouvoir la dignité humaine ».
Trois semaines à peine avant la formation attendue d’un gouvernement de transition unifié au Soudan du Sud, la visite du Conseil de sécurité intervient à un stade critique du processus de paix.
La délégation du Conseil a reconnu que des progrès avaient été accomplis depuis la signature d’un accord de paix en septembre 2018, notamment une amélioration significative de la situation sécuritaire grâce à un cessez-le-feu.
« Nous avons noté la réduction de la violence politique qui a contribué au retour de 594.000 personnes déplacées, à l’augmentation de la production alimentaire, de l’accès humanitaire et du commerce entre les communautés », a déclaré Jerry Matthews Matjila, le Représentant permanent de l’Afrique du Sud auprès des Nations Unies dont le pays assure ce mois-ci la Présidence du Conseil.
Au cours de réunions avec le Président sud-soudanais, Salva Kiir, et d’autres signataires de l’accord de paix, notamment le chef de l’opposition, Riek Machar, la délégation du Conseil de sécurité a exhorté les dirigeants à accélérer la mise en œuvre de l’accord et à respecter le délai du 12 novembre pour former un gouvernement de transition unifié.
« Nous comprenons qu’il y a beaucoup de difficultés dans ce pays. Mais votre pays se trouve à un moment critique et il est temps que vous assumiez tous vos responsabilités et que vous mettiez de côté vos différends pour travailler ensemble pour l’avenir », a déclaré aux parties soudanaises Dmitry Polyanskiy, premier Représentant permanent adjoint de la Russie à l’ONU.
Des progrès lents
D’importantes questions toujours en suspens, telles que les décisions relatives aux États, aux frontières et à la réunification des forces de sécurité, se révèlent être des obstacles à l’avancée du processus de paix. La période pré-transitoire de l’accord de paix a été prolongée de six mois en mai afin de permettre leur résolution.
Mais les progrès ont été lents. Plusieurs parties ont indiqué dimanche qu’elles préféraient l’option d’une nouvelle prorogation, tandis que d’autres ont déclaré que le gouvernement pourrait être formé à temps, à condition que de nouveaux critères soient définis pour assurer la mise en œuvre intégrale de l’accord de paix. Des mesures qu’elles estiment nécessaire pour éviter d’infliger de nouvelles souffrances aux citoyens sud-soudanais.
« Les femmes ne déclarent pas la guerre, mais elles en sont les victimes », a déclaré Josephine Lagu Yanga, qui s’exprimait devant les membres du Conseil de sécurité au nom de l’Alliance de l’opposition du Soudan du Sud. « Elles veulent avoir la possibilité de reconstruire leur vie et celle de leurs enfants. Nous devons regarder vers l’avenir pour le peuple plutôt que de nous exprimer en des termes politiques », a-t-elle ajouté.
Le chef de l’opposition, Riek Machar, s’est déclaré préoccupé par l’échec de la réunification des forces de sécurité et a déclaré que son parti ne se joindrait pas au gouvernement tant que cette question ne serait pas résolue.
« Oui, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a déclaré qu’il devrait y avoir un nouveau gouvernement le 12 novembre… mais les aspects nécessaires à l’établissement de ce gouvernement ne sont pas réunis », a-t-il déclaré. « Supposons que nous forcions (la formation du gouvernement) le 12, nous savons ce qui va arriver, le cessez-le-feu que nous avons eu sera compromis », a-t-il prévenu.
Le Conseil de sécurité a exprimé sa déception face à cette déclaration. Il a exhorté les parties à faire des compromis et à faire preuve d’un leadership fort pour tracer la voie à suivre.
Deng Alor, dirigeant du parti des anciens détenus, a, pour sa part, exprimé son engagement à faire progresser la paix dans l’intérêt de la population qui a beaucoup souffert du conflit qui a duré cinq ans. « Nous sommes devenus un fardeau vis-à-vis de notre peuple en tant que dirigeants, car notre peuple ne nous considère pas comme étant assez sensibles à leurs problèmes et assez capables pour les résoudre. Nous devons montrer que nous pouvons avancer ensemble pour résoudre nos différends », a-t-il dit.