Une commission indépendante a été constituée par le Parlement sud-africain pour enquêter sur une sombre affaire de cambriolage qui depuis plusieurs mois gêne le président Cyril Ramaphosa, accusé de blanchiment et corruption, a annoncé l’Assemblée nationale dans la nuit de mercredi à jeudi.
La commission indépendante, composée de l’ex-président de la Cour constitutionnelle, Sandile Ngcobo, d’un ancien juge et d’un professeur d’université, a 30 jours pour rendre ses conclusions, a précisé dans un communiqué la présidente de l’Assemblée, Nosiviwe Mapisa-Nqakula. Les résultats de l’enquête pourraient ouvrir sur un éventuel vote au Parlement pour la destitution de M. Ramaphosa.
En Afrique du Sud, la destitution du chef de l’Etat est soumise à un vote à la majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale. Le parti historique au pouvoir dirigé par Cyril Ramaphosa, le Congrès national africain (ANC), détient plus de deux tiers des sièges. Une motion d’un petit parti d’opposition, le Mouvement pour la transformation de l’Afrique (ATM), a conduit à la création de la commission d’enquête.
Cyril Ramaphosa, 69 ans, est accusé d’avoir dissimulé à la police et au fisc un cambriolage datant de 2020 dans une de ses propriétés, au cours duquel d’importantes sommes en espèces ont été trouvées, cachées dans du mobilier. Une enquête a été ouverte après une plainte déposée en juin par l’ancien chef du renseignement sud-africain, Arthur Fraser.
Selon ce dernier, des cambrioleurs se sont introduits dans une ferme appartenant au président à Phala Phala, dans le nord-est du pays. La plainte accuse M. Ramaphosa d’avoir dissimulé le cambriolage à la police et l’argent trouvé sur place au fisc, ainsi que d’avoir organisé l’enlèvement et l’interrogatoire des voleurs, puis de les avoir soudoyés pour qu’ils gardent le silence.
M. Ramaphosa, qui a dénoncé une manoeuvre politique, nie les allégations d’enlèvement et de corruption et soutient que l’argent provenait de la vente de bétail. Il avait suspendu la médiatrice de la République, Busisiwe Mkhwebane, à la tête du principal organe chargé de la lutte contre la corruption, après l’ouverture en juin d’une enquête publique le visant. Jugée « inappropriée », cette suspension a été annulée la semaine dernière par un tribunal.
L’affaire du cambriolage met le président dans la tourmente quelques mois avant que l’ANC ne décide de le présenter ou non comme candidat pour un second mandat à la présidentielle de 2024.
AFP