Le président sud-africain, sur la défensive après des accusations de corruption autour d’une affaire gênante de cambriolage, a éludé vendredi les questions sur cet épineux sujet lors d’une conférence de presse, après une nouvelle séance houleuse au Parlement.
« Le vol qui a eu lieu dans ma ferme de Phala Phala en 2020 fait l’objet d’une plainte et il faut laisser la justice suivre son cours », a répété Cyril Ramaphosa malgré les relances, accusant les journalistes de continuer à « glisser les mêmes questions sous une autre forme ». « Je ne répondrai pas aux questions sur le sujet à ce stade, je suivrai les conseils qui m’ont été donnés », a ajouté le chef d’Etat, qui s’exprimait pour la première fois en conférence de presse sur ce qui est désormais appelé « le scandale de la ferme ».
La séance au Parlement qui devait être centrée sur le vote du budget a une nouvelle fois été agitée vendredi, après une session déjà houleuse la veille. Des députés de la gauche radicale qui perturbaient la séance par des interruptions répétées ont à nouveau été expulsés de force. M. Ramaphosa, 69 ans, est visé par une plainte déposée la semaine dernière par l’ex-chef du renseignement, Arthur Fraser.
Ce dernier l’accuse d’avoir dissimulé à la police et au fisc un cambriolage dans l’une de ses propriétés, au cours duquel l’équivalent de 3,8 millions d’euros en liquide ont été trouvés, cachés dans du mobilier. Le président à la tête d’une important fortune personnelle, a reconnu que de l’argent avait été volé, mais conteste le montant annoncé. Il nie avoir jamais volé d’agent à quiconque, a dénoncé de « sales coups » et des « intimidations ».
L’argent dérobé, dont le montant avancé est exagéré, était tiré de la vente d’animaux, a-t-il expliqué, dénonçant des « motivations politiques ». Ces accusations interviennent alors que l’ANC, parti au pouvoir, doit décider d’ici décembre de présenter ou non Cyril Ramaphosa comme candidat pour un second mandat à la présidentielle de 2024.
M. Ramaphosa a déclaré qu’il se présenterait devant la commission « intégrité » du parti, qui a pour règle de suspendre systématiquement les membres faisant l’objet de poursuites pénales. Aucune date n’a été fixée. Successeur de Jacob Zuma, poussé à la démission en 2018 après une série de scandales, l’actuel président est attendu sur le front de la corruption qu’il a promis d’éradiquer.
La médiatrice de la République a ouvert une enquête publique sur l’affaire. Le chef d’Etat l’a suspendue jeudi, dans le cadre d’une longue procédure de destitution déjà en cours.
AFP