Faire la paix avec les autorités rebelles du Tigré était nécessaire pour ne pas obérer le développement de l’Ethiopie, a expliqué mardi aux députés le Premier ministre éthiopien, appelant au respect des « promesses » de l’accord de paix signé à Pretoria.
« Pour garantir la paix et la prospérité, il était indispensable de cesser la guerre », a déclaré Abiy Ahmed lors d’une session de questions-réponses sur divers sujets: « Une mauvaise paix et une bonne guerre, ça n’existe pas, même quand vous l’emportez, car vous tuez des gens et brûlez des dollars ».
« Nous avons fait un pas. Nous avons discuté et signé, ce que l’on attend de nous désormais est de mettre scrupuleusement en oeuvre les promesses faites et ainsi rendre la paix durable » a-t-il poursuivi.
Cet accord signé le 2 novembre à Pretoria entre gouvernement éthiopien et autorités rebelles du Tigré doit mettre fin à deux ans d’une guerre meurtrière dans le nord de l’Ethiopie. Les combats avaient repris fin août, après cinq mois de trêve, et les forces progouvernementales s’étaient depuis emparées de plusieurs villes du Tigré.
Les chefs militaires des deux camps ont paraphé samedi un document d’application des dispositions de l’accord, notamment le désarmement des rebelles et la livraison d’aide humanitaire au Tigré, quasiment coupé du monde et dont les six millions d’habitants sont privés de nourriture et de médicaments depuis plus d’un an.
M. Abiy a en revanche renvoyé au « processus » prévu par la loi la question du Wolkait, absente de l’accord et considérée comme l’un des principaux obstacles à la paix, estimant que les négociations de paix « n’étaient ni le lieu ni l’endroit » pour aborder les litiges fonciers et communautaires en Ethiopie.
Cette zone de l’ouest du Tigré est revendiquée par les nationalistes de la région voisine de l’Amhara, alliés de M. Abiy contre les rebelles tigréens, qui estiment qu’elle est une terre « ancestrale » des Amhara, la deuxième communauté ethno-linguistique du pays.
Ni les députés, ni M. Abiy n’ont en revanche évoqué la présence au Tigré de l’armée de l’Erythrée qui y a apporté une aide décisive aux troupes éthiopiennes et qui n’est pas nommée dans l’accord de paix.
Le Premier ministre a assuré que son gouvernement et l’armée fédérale distribuaient déjà de l’aide dans les zones touchées par le conflit et avaient commencé à rétablir télécommunications et électricité dans certaines, ainsi qu’à rapatrier chez elles les personnes déplacées par la guerre. Aucune de ces trois assertions n’était vérifiable dans l’immédiat, le nord de l’Ethiopie, dont le Tigré, étant interdit aux journalistes.
AFP