Addis Abeba a annoncé samedi soir que l’armée fédérale avait pris le « contrôle » de Mekele, la capitale régionale du Tigré, désignée comme l’offensive ultime de l’opération militaire entamée il y a trois semaines dans cette région dissidente du Nord de l’Ethiopie.
Dans un premier temps, M. Abiy a annoncé que l’armée était « entrée » dans cette ville qui comptait quelque 500.000 habitants avant le début du conflit.
« Nous avons réussi à entrer dans la ville de Mekele, sans que d’innocents civils ne soient ciblés », a déclaré M. Abiy dans un communiqué diffusé par la télévision officielle éthiopienne EBC.
Cette déclaration a été immédiatement suivie de celle du chef de l’armée, Berhanu Jula, qui a affirmé dans un message diffusé sur le même média que « les forces gouvernementales contrôlent complètement Mekele ».
M. Jula affirme également que l’armée « chasse les membres du TPLF qui se cachent ». Contacté, le TPLF n’était pas joignable dans l’immédiat.
La vérification sur le terrain et de source indépendante des affirmations de l’un et l’autre camp est difficile, le Tigré étant quasiment coupé du monde depuis le début du conflit.Jeudi, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait ordonné à l’armée d’enclencher la « dernière phase » de l’intervention démarrée le 4 novembre, en ciblant Mekele, le fief des dirigeants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qu’il combat.
Après 48 heures où rien ne filtrait sur la situation sur place, les autorités tigréennes ont déclaré plus tôt samedi que des « tirs à l’arme lourde » avaient touché la capitale régionale, où elles sont retranchées.
« Les prochains enjeux clés sont de savoir quelles intentions et quelles capacités les forces tigréennes ont à continuer la résistance armée », a déclaré après l’annonce William Davison, de l’International Crisis Group (ICG).
Il s’interroge également sur la façon dont les Tigréens vont « réagir face au gouvernement provisoire qui va être installé » par Addis Abeba. Aucun bilan précis des combats n’est jusqu’ici disponible, mais l’ICG a estimé vendredi que « plusieurs milliers de personnes sont mortes dans les combats ».
Les tensions entre M. Abiy et le TPLF, qui a dominé pendant près de trois décennies l’appareil politique et sécuritaire de l’Ethiopie, n’ont cessé de crotre depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre en 2018.
Elles ont culminé avec l’organisation au Tigré en septembre d’un scrutin régional qualifié « d’illégitime » par Addis Abeba, puis avec l’attaque début novembre de deux bases de l’armée fédérale attribuée aux forces du TPLF, ce que dément ce dernier.
AFP