Les Nations unies ont demandé mercredi aux candidats à l’élection présidentielle en Guinée de s’abstenir de tout discours de haine ethnique susceptible d’entraîner des violences, faisant part de leur inquiétude à l’égard d’une situation « extrêmement dangereuse » dans le pays.
Les électeurs voteront le 18 octobre en Guinée, où M. Condé brigue de manière controversée un troisième mandat. La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, et la Conseillère spéciale par intérim pour la prévention du génocide Pramila Patten ont dénoncé « les appels de plus en plus nombreux à la division sur une base ethnique », dans un communiqué commun.
Elles ont demandé à tous les candidats de « s’abstenir de toute provocation ou d’excès de langage qui pourraient entraîner des violences ou des discriminations ».
Le président Alpha Condé, 82 ans, au pouvoir depuis 2010 et candidat à un troisième mandat controversé, et son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, s’accusent mutuellement d’attiser les tensions intercommunautaires, dans ce pays de 13 millions d’habitants où l’appartenance ethnique est considérée comme un facteur de vote déterminant.
Le parti du président Condé est largement soutenu par l’ethnie des Malinkés et l’UFDG de M. Diallo par celle des Peuls, même si les deux hommes politiques affirment s’adresser à tous les Guinéens.
« Compte-tenu de l’histoire des violences intercommunautaires en Guinée, je suis profondément préoccupée par la rhétorique dangereuse employée par certains responsables, qui dans certains cas s’apparente à une incitation à la discrimination ou à la violence », a souligné Mme Bachelet.
« Tout individu responsable d’avoir incité à la violence sera tôt ou tard jugé pour ses actes devant un tribunal national ou international », a de son côté affirmé Mme Patten.
Ancien opposant historique, M. Condé, premier président démocratiquement élu en 2010 après des décennies de régimes autoritaires en Guinée, a été réélu en 2015. Il a fait adopter, lors d’un référendum contesté en mars, une nouvelle Constitution qui maintient la limite de deux mandats présidentiels. Mais lui et ses partisans arguent que ce changement de loi fondamentale remet les compteurs à zéro.
Ses adversaires dénoncent un « coup d’Etat constitutionnel ». La protestation contre une nouvelle candidature de M. Condé a mobilisé à différentes reprises depuis octobre 2019 des milliers de Guinéens. Ces manifestations ont été plusieurs fois durement réprimées et des dizaines de civils ont été tués.
AFP