La junte qui a pris le pouvoir au Mali a confirmé avoir fait de son chef, le colonel Assimi Goïta, le chef de l’Etat. La publication discrète jeudi au Journal officiel malien d’un « acte fondamental » en ce sens, ayant valeur constitutionnelle selon ses rédacteurs, avait suscité la perplexité.
Les colonels au pouvoir n’avaient fait aucune publicité à cet « acte fondamental » avant ou après sa publication et n’avaient pas répondu publiquement aux questions de la presse qui lui demandait s’ils en étaient bien les auteurs.
La perplexité était augmentée par le timing de la publication, à la veille d’un sommet de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) qui presse les militaires de remettre rapidement le pouvoir entre les mains des civils après le coup d’Etat du 18 août.
Le porte-parole de la junte, le colonel Ismaël Wagué, a confirmé vendredi soir que les militaires assumaient la paternité de cet acte. Il a invoqué l’actuel vide institutionnel, en l’absence de gouvernement et d’Assemblée nationale.
« Pour assurer la continuité de l’Etat, il faut qu’il y ait un chef d’Etat. Cet acte permet de prendre le président du Conseil national comme le chef d’Etat (ce) qui lui permet d’assurer la continuité de l’Etat et préparer la transition », a-t-il dit à la télévision nationale.
Le colonel fait référence au Comité national pour le salut du peuple (CNSP), que les militaires ont institué et dont l’acte fondamental est censé fonder juridiquement la création. Le CNSP, dont le chef de la junte est le président, doit « assurer la continuité de l’Etat en attendant la mise en place des organes de transition », dit l’acte.
L’acte dispose que le président du CNSP « assure les fonctions de chef de l’Etat ». Il « incarne l’unité nationale », est « garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire » et du respect des accords internationaux.
Il nomme les responsables civils et militaires de haut rang, « signe les ordonnances et décrets adoptés » du CNSP et accrédite les ambassadeurs étrangers.
Il peut être investi de « pouvoirs exceptionnels » quand les institutions, l’intégrité du territoire ou l’exécution des engagements internationaux « sont menacés d’une manière grave et immédiate ».
AFP