L’homme d’affaires algérien Ali Haddad, ex-patron des patrons, et une ribambelle de ministres liés au président déchu Abdelaziz Bouteflika, ont été condamnés mercredi à Alger à de lourdes peines de prison pour corruption, a indiqué un avocat de la défense.
Ali Haddad, ex-dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d’entreprises (FCE), a été condamné à 18 ans ferme. Incarcéré depuis mars 2019, il était poursuivi pour “obtention de privilèges, d’avantages et de marchés publics en violation de la législation, dilapidation de deniers publics, abus de fonction, conflit d’intérêts et corruption dans la conclusion de marchés publics”.
Ses frères – Omar, Meziane, Sofiane et Mohamed – ont été condamnés à quatre ans d’emprisonnement. Les biens de la famille Haddad ont été saisis.
Deux ex-Premiers ministres de M. Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, qui sont déjà derrière les barreaux pour d’autres scandales de corruption, ont été condamnés chacun à 12 ans de prison.
Enfin, huit anciens ministres se sont vu infliger des peines allant de deux à 20 ans de prison pour Abdeslam Bouchouareb (ex-ministre de l’Industrie et Mines), en fuite à l‘étranger.
“Il s’agit d’un verdict dont le caractère politique est évident”, a déclaré à l’AFP Me Khaled Bourayou, l’avocat d’Ali Haddad, qui va faire appel.
“Les prévenus étaient des membres de l’ancien régime. Ils payent le prix des vaincus”, a-t-il estimé.
Au cours du procès, sur lequel planait l’ombre du clan Bouteflika, des accusés ont regretté l’absence du président déchu – impotent et reclus – et de son frère Saïd, l’ex-influent conseiller, en prison pour “complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat”.
Considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes électorales de M. Bouteflika, M. Haddad avait été condamné en appel fin mars à quatre ans de prison à l’issue d’un autre procès pour corruption.
Fondateur et PDG d’ETRHB, première entreprise privée du BTP en Algérie et attributaire de gigantesques contrats publics, Ali Haddad est apparu comme l’un des symboles des liens troubles entre certains milieux d’affaires et l’entourage de M. Bouteflika.
Président du FCE de 2014 à mars 2019, il avait été arrêté à un poste-frontière avec la Tunisie en possession de deux passeports. Il a été condamné en juin 2019 à six mois de prison pour détention illégale des deux documents de voyage.
Les vastes enquêtes pour corruption et népotisme lancées après la démission en avril 2019 de M. Bouteflika, sous la pression d’un mouvement populaire (“Hirak”) de contestation inédit, ont conduit à une série de procès toujours en cours.
AFP