Deux responsables de la contestation en cours en Guinée contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé ont été inculpés par un tribunal de Conakry lundi et écroués, a indiqué un de leurs avocats, Me Mohamed Traoré.
Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno ont été inculpés d’“outrage à agent, violences et voie de fait, production, diffusion et mise à disposition d’autrui de données de nature à troubler l’ordre public ou à porter atteinte à la dignité humaine”, a-t-il expliqué à la presse.
Les deux hommes sont présentés comme des lieutenants d’Abdourahmane Sanoh, coordinateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif qui mène le mouvement de protestation depuis bientôt cinq mois.
Il avaient été arrêtés vendredi chez l’un d’eux par des membres d’un service de sécurité, et emmenés vers une destination alors inconnue, selon leur entourage. Plus tôt dans la journée, ils avaient tenu une conférence de presse pour dénoncer les arrestations arbitraires.
Leur avocat a déclaré que ni lui ni les autres conseils des deux hommes n’avaient été associés à l’ interrogatoire préalable à leur présentation au juge, “donc c’est une arrestation et une inculpation arbitraires”.
Les autorités n’avaient fait aucun commentaire lundi soir.
La Guinée est en proie depuis mi-octobre à la contestation contre le projet prêté au président Condé de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat fin 2020.
Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués depuis lors. M. Condé, qui entretient le flou sur ses intentions, vient de reporter un référendum constitutionnel initialement prévu le 1er mars.
Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno avaient déjà été arrêtés au début du mouvement en même temps que d’autres responsables du FNDC. Après avoir passé plusieurs semaines en prison, ils avaient été jugés et condamnés en première instance, avant que leurs peines ne soient annulées en appel.
Les défenseurs des droits humains dénoncent les brutalités policières, les arrestations arbitraires et l’impunité dont jouissent selon eux les membres des forces de sécurité.
AFP