L’Allemagne a lancé en Éthiopie, l’un des plus grands exportateurs de café au monde, un programme baptisé « Fit for Fair » visant à améliorer la durabilité et la transparence dans les chaînes d’approvisionnement du café éthiopien destiné à l’exportation vers l’Union européenne (UE). Le café est le principal produit d’exportation de l’Éthiopie, représentant environ 25 pour cent des recettes d’exportation.
Environ 2 millions de petits exploitants éthiopiens vendent du café, qu’ils récoltent sur des plants sauvages, dans la forêt naturelle, dans des semi-forêts aménagées ou dans des jardins agroforestiers. Les forêts de café ont une grande valeur écologique et abritent une riche diversité génétique de café arabica, en particulier dans la région de l’ouest de l’Éthiopie, d’où le café arabica est originaire.
Le programme « Fit for Fair » fait partie du projet « Durabilité et valeur ajoutée dans les chaînes d’approvisionnement agricoles » (« AgriChains »), mandaté par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ). Couvrant la période entre 2019 et 2026 et implémenté par l’agence allemande de coopération internationale (GIZ), « AgriChains » est déployé dans onze pays dont cinq en Afrique (Éthiopie, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun).
Il a été conçu pour le renforcement de chaînes d’approvisionnement agricoles durables, respectueuses de l’environnement et génératrices de revenus décents pour tous les acteurs impliqués. Il s’agit de certains produits agricoles de consommation courante : banane, coton, café, cacao, caoutchouc naturel, huile de palme et soja.
La mise en œuvre du programme Fit for Fair en Éthiopie a été confiée à l’Autorité éthiopienne du café et du thé (ECTA), un organisme gouvernemental, en collaboration avec la GIZ. Le programme bénéficie également du soutien du projet « Durabilité et valeur ajoutée dans les chaînes d’approvisionnement agricoles en Éthiopie » (SUVASE, en anglais) mandaté et financé par le BMZ. Couvrant la période entre 2020 et 2025, et financé par le BMZ à hauteur de 4,9 millions d’euros, SUVASE vise notamment à améliorer les revenus des petits producteurs de café et à protéger l’environnement de la déforestation.
« Fit for Fair » a pour objectif d’aider le secteur du café éthiopien à se conformer aux législations de l’Allemagne et de l’UE sur le devoir de diligence raisonnable en matière de durabilité des entreprises dans les chaînes d’approvisionnement agricoles. Il s’agit notamment du nouveau règlement de l’UE sur la déforestation (EUDR).
Dans le cadre de l’implémentation du « Fit for Fair », la GIZ travaillera avec l’ECTA pour améliorer la durabilité du café, et ce, en proposant des formations sur la traçabilité, le genre, la numérisation, l’inclusion des personnes handicapées dans la chaîne de valeur du café et la lutte contre le travail des enfants dans ce secteur. À cet effet, le programme prévoit la création de groupes de travail incluant des représentants d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, du secteur privé, de la société civile et de tous les acteurs clés de la chaîne de valeur du café.
Selon l’OCDE, le devoir de diligence raisonnable est un processus permettant à une entreprise d’identifier, de prévenir, d’atténuer et de traiter les impacts négatifs, réels et potentiels, de ses activités, ses chaines d’approvisionnement, ses relations d’affaires en ce qui concerne les droits du travail, les droits de l’homme, l’environnement, la corruption ou les intérêts des consommateurs. Ces impacts négatifs (atteintes aux droits de l’homme et aux normes sociales et environnementales) sont encore monnaie courante dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, d’après la GIZ.
En octobre 2024, le Conseil européen, une institution de l’UE, a annoncé un report de douze mois de la date d’application de l’EUDR. À en croire le Conseil, ce report permettra aux pays tiers, aux États membres, aux opérateurs et aux commerçants d’être pleinement préparés à leur obligation de diligence raisonnée, qui consiste à veiller à ce que certains produits de base et produits vendus dans l’UE ou exportés à partir de l’UE ne contribuent pas à la déforestation. Les produits concernés sont notamment ceux fabriqués à partir de produits bovins, de bois, de cacao, de soja, d’huile de palme, de café, de caoutchouc, et certains de leurs produits dérivés.
dpa