Une nouvelle étude d’AfriCatalyst souligne le besoin urgent d’un financement accru pour réduire les émissions de méthane en Afrique, alors que le continent continue de faire face à une hausse des émissions et à un manque de ressources financières suffisantes. En dépit des objectifs climatiques internationaux et des engagements de l’Accord de Paris, les efforts actuels peinent à répondre aux besoins de financement nécessaires pour aborder cette problématique critique.
Le méthane est un gaz à effet de serre extrêmement puissant, avec un potentiel de réchauffement global 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur une période de 20 ans. En Afrique, les émissions de méthane proviennent principalement de l’agriculture (50,6 %), de l’énergie (34,2 %) et des déchets (15,2 %). Ces émissions, concentrées dans 19 pays responsables de 80 % du total continental, contribuent aux phénomènes climatiques extrêmes, à la mauvaise qualité de l’air et aux maladies respiratoires.
Un financement crucial mais insuffisant
L’étude montre que les banques multilatérales de développement (BMD) pourraient significativement contribuer aux efforts de réduction du méthane en Afrique. D’après AfriCatalyst, une simple allocation de 2,4 % des actifs des BMD permettrait de couvrir les 48 milliards de dollars requis annuellement pour réduire ces émissions d’ici 2030. Pourtant, en 2021-2022, l’Afrique n’a reçu qu’1 % du financement climatique mondial, soit environ 13,7 milliards de dollars, loin des sommes nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques.
Une réduction de 50 % des émissions de méthane d’ici 2030 dans les pays à forte émission nécessiterait 10 milliards de dollars par an, mais pourrait générer des bénéfices économiques et sociaux importants, estimés à 4 300 dollars par tonne de méthane évitée.
Les BMD en première ligne pour des solutions durables
Le rapport Methane Abatement in Africa : The Role of Multilateral Development Banks d’AfriCatalyst explore les solutions financières que les BMD peuvent développer pour soutenir les projets de réduction des émissions de méthane en Afrique. Il recommande la mise en place de cadres politiques solides, tels que la régulation des émissions dans le secteur de l’énergie et la création de marchés locaux du carbone. Une modernisation de la gouvernance financière des BMD est également nécessaire pour renforcer leur engagement climatique, en particulier dans les pays en développement qui manquent de capacités financières.
Daouda Sembene, PDG d’AfriCatalyst, explique l’importance de cette initiative : “Le méthane est l’un des principaux contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, et avec des efforts ambitieux, l’Afrique peut respecter ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris. Cependant, un des principaux obstacles reste le manque de sensibilisation sur cette question en Afrique.”
Des réformes urgentes pour atteindre les objectifs de 2030
Parmi les autres recommandations d’AfriCatalyst, on retrouve l’exploitation du potentiel des crédits carbone africains, actuellement sous-utilisés, et la mobilisation de financements locaux pour les projets de réduction du méthane. Le rapport encourage également les BMD à jouer un rôle catalyseur en soutenant la transition vers des systèmes énergétiques durables et en innovant dans les pratiques de financement.
Ce rapport d’AfriCatalyst est un appel à l’action, soulignant l’urgence d’une mobilisation accrue des BMD pour aider les pays africains à relever le défi de la réduction du méthane. À moins d’un effort collectif pour répondre aux besoins de financement, la lutte contre le changement climatique en Afrique continuera de rencontrer des obstacles importants, compromettant non seulement la résilience climatique du continent mais aussi les perspectives de développement durable à long terme.
La rédaction