Les opérations d’autopsie et d’identification de plus d’une centaine de corps retrouvés dans une forêt du sud-est du Kenya, où se réunissaient les adeptes d’une secte, ont débuté lundi matin, a annoncé le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki.
« Le processus d’autopsie des corps commence immédiatement », a déclaré le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki à la presse présente devant la morgue de l’hôpital de district de la ville côtière de Malindi, qualifiant ces opérations d' »étape cruciale ».
« Ce processus devrait prendre environ une semaine, si tout se passe bien », a-t-il estimé. Des opérations d’identification par prélèvement ADN sont menées simultanément, dont les résultats complets pourraient ne pas être connus avant « des mois », a ajouté le chef des services nationaux de médecine légale, le Dr Johansen Oduor.
Un total de 109 personnes, dont une majorité d’enfants, sont mortes dans la forêt de Shakahola où se réunissaient des adeptes d’une secte appelée Eglise Internationale de Bonne nouvelle, selon un bilan encore provisoire. Les recherches de corps et de fosses communes dans cette forêt ont été « temporairement arrêtées » en raison des fortes pluies, a indiqué lundi M. Kindiki.
Les autopsies doivent permettre de déterminer les causes des décès. Les enquêteurs soupçonnent que de nombreux adeptes sont morts de faim après avoir suivi les préceptes du pasteur autoproclamé de la secte, Paul Mackenzie Nthenge, qui prônait de jeûner jusqu’à la mort « pour rencontrer Jésus ».
Mais « les rapports préliminaires que nous obtenons indiquent que certaines victimes ne sont peut-être pas mortes de faim », avait souligné vendredi M. Kindiki, indiquant que certains corps portaient des blessures. La révélation de ce qui est appelé le « massacre de la forêt de Shakahola » a choqué le Kenya, pays majoritairement chrétien qui compte 4.000 « églises » différentes, selon des données officielles.
Le gouvernement du président Wiliam Ruto a promis des mesures contre ceux qui « utilisent la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable », les comparant à des terroristes ». Cette retentissante affaire a connu un rebondissement inattendu avec l’arrestation jeudi d’un des plus célèbres pasteurs du pays, Ezekiel Odero, soupçonné d’être lié au « massacre de Shakahola ».
« Il existe des informations crédibles reliant les corps exhumés du terrain (…) situé à Shakahola » avec « plusieurs adeptes innocents et vulnérables (de l’église d’Odero, ndlr) qui auraient trouvé la mort », estiment les procureurs dans un document. Les deux pasteurs, actuellement détenus, doivent comparaître mardi devant des tribunaux de deux villes différentes.
AFP