Fraude électorale massive, arrestations arbitraires, torture, prisons insalubres … Une ONG congolaise dresse mercredi un tableau très sombre des droits humains au Congo-Brazzaville.
En avant-propos de son rapport annuel, le Centre d’actions pour le développement (CAD) rappelle avoir demandé au gouvernement de « mettre en place une stratégie nationale de lutte contre les violations des droits humains et l’impunité ».
« Cette recommandation essentielle n’a pas eu de suite », déplore l’ONG, qui liste notamment dans son rapport quelques « faits marquants » de 2022. Elle commence par les élections législatives et locales organisées en juillet. Elles ont été « les plus lamentables de l’histoire élective du pays, marquées par une fraude massive au vu et au su de tous », assène l’ONG.
Le Parti congolais du travail (PCT) du président Denis Sassou Nguesso (qui cumule 39 ans à la tête du pays) a remporté 112 des 151 siège à l’Assemblée nationale, rappelle-t-elle. Le rapport du CAD évoque aussi le cas d’un opposant gabonais arrêté en septembre avec trois valises bourrées de billets (équivalant à près de 2 millions d’euros) alors qu’il revenait du Congo.
« Ce scandale qui a défrayé la chronique n’a jamais été clarifié par les autorités congolaises », constate l’ONG. « Dans un pays où les allocations sociales sont presque inexistantes, où les retraités cumulent jusqu’à 36 mois d’arriérés de pension (…), où les hôpitaux et les écoles sont dans un état de délabrement avancé, les dirigeants préfèrent financer les opposants gabonais plutôt que d’améliorer les conditions de vie de la population congolaise », s’indigne le rapport.
Celui-ci détaille également certaines des 572 atteintes aux droits humains que l’ONG dit avoir documentés en 2022, allant de détentions arbitraires à des tortures en passant par diverses « violations des droits au logement, à l’éducation, à la santé et à un niveau de vie satisfaisant ».
Evoquant l’impunité, les « procès inéquitables » ou encore le « non-respect des décisions de justice », l’ONG décrit aussi « des conditions épouvantables et mortelles » dans les prisons congolaises. Celles-ci, dit-elle, sont « une négation permanente du droit à la dignité ».
AFP