Des navires de pêche fantômes, des prêts étrangers exorbitants et des proches du pouvoir: la remise du verdict dans le gigantesque scandale de corruption dit de la « dette cachée » au Mozambique a débuté mercredi à Maputo.
En combinaisons oranges, certains des 19 accusés dans l’affaire sont réapparus dans la matinée devant le tribunal spécial où le procès s’est ouvert l’an dernier. Aucun des tribunaux du pays n’était assez spacieux pour juger un des plus grands scandales de corruption de son histoire: une tente a été dressée dans une prison de haute sécurité de la capitale Maputo.
La lecture de la décision est prévue sur cinq jours. Sur le banc des accusés, des agents du renseignement, des proches du pouvoir et un fils d’ex président, Ndambi Guebuza, fils aîné d’Armando Guebuza lui-même appelé à témoigner à la barre. Ils sont tous jugés pour chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment.
L’actuel chef de l’Etat, Filipe Nyusi, a été mis en cause dans plusieurs témoignages. Il n’a pas été inquiété jusqu’ici. L’affaire remonte à 2013-2014. Nyusi est alors ministre de la Défense. Trois entreprises publiques mozambicaines empruntent secrètement deux milliards de dollars auprès de banques internationales pour financer des achats de navires de pêche et de patrouilleurs militaires.
En 2016, le scandale éclate: ces prêts garantis par l’Etat ont été contractés sans aval du Parlement et dans le dos des créanciers du pays parmi les dix plus pauvres au monde, dépendant de l’aide internationale. Les bailleurs internationaux dont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale se retirent.
L’ancienne colonie portugaise plonge dans une crise financière sans précédent et tombe en défaut de paiement. Plusieurs audits indépendants n’ont pu déterminer exactement ce qui a été acheté. Certains des bateaux commandés ont bien été livrés et rouillent au port depuis des années. Reste qu’une partie de la somme reste introuvable.
Selon un audit indépendant, 500 millions de dollars de dollars ont été détournés. « La condamnation doit être suffisamment forte pour ne pas être annulée ou réduite en seconde instance », espère Borges Nhamirre, chercheur au Public Integrity Center (CIP) qui lutte contre la corruption. D’autres procédures sont en cours en Suisse, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud.
AFP