Le gouvernement somalien a menacé samedi de sanctions les commerces payant une taxe aux islamistes radicaux shebab, qui financent en partie leur sanglante insurrection par cette lucrative source de revenus.
Le ministère du Commerce et de l’Industrie a déclaré que la loi sera appliquée sévèrement contre les commerçants versant de l’argent aux shebab, alliés d’Al-Qaïda. Selon les experts, ce système de taxation, complexe et très étendu, leur rapporte des millions de dollars chaque année.
Toute entreprise reconnu coupable d’avoir payé ou collaboré de quelque façon avec les insurgés « sera traduite en justice » et risque une révocation de sa licence commerciale. « Tout marchand qui obéit aux instructions de terroristes et leur fournit un revenu ne sera plus jamais autorisé à faire du commerce en Somalie », indique une lettre du ministère envoyée aux intéressés.
« Toute société dans laquelle sont impliqués des membres des shebabs, ou qui commandite leurs marchandises, verra ses propriétés, y compris immobilières, confisquées par le gouvernement », selon le document. Les shebabs tentent de renverser le gouvernement de Mogadiscio depuis plus de 15 ans. Ils organisent régulièrement des attentats meurtriers et des attaques contre des cibles civiles et militaires.
Malgré des efforts internationaux pour affaiblir l’organisation, les jihadistes restent implantés dans de vastes zones rurales et utilisent la menace pour collecter des taxes dans les territoires qu’ils contrôlent. Ils taxent l’immobilier, le transport routier à des checkpoints, et les droits de douane sur les importations passant par le port principal de Mogadiscio, selon un rapport de 2020 du Hiraal Institute, un think-tank somalien.
Ce dernier estimait à l’époque que ce système rapportait aux insurgés au moins 15,4 millions d’euros par mois, rivalisant avec le total des taxes collectées par le gouvernement. Cette lettre a été envoyée alors que l’armée somalienne, soutenue par des milices locales, est engagée dans ce que le président Hassan Cheikh Mohamoud, élu en mai, a présenté comme une « guerre totale » destinée à éliminer les jihadistes.
Les shebabs ont intensifié leurs violences ces derniers mois. En octobre, un triple attentat à la bombe a tué 30 personnes à Beledweyne (centre). L’attaque d’un hôtel de Mogadiscio avait fait 21 morts en août. La semaine dernière, le gouvernement de Mogadiscio avait pratiquement interdit aux médias somaliens de publier la moindre information relative aux shebabs sous peine de poursuites judiciaires.
AFP