Le procès en appel en France d’un réseau nigérian en bande organisée de proxénétisme et de traite de filles, souvent mineures et originaires du Nigeria, a été de nouveau renvoyé mardi.
L’audience aux assises de Créteil, en banlieue parisienne, a été renvoyée car une avocate de la défense, malade, était dans l’incapacité de représenter son client. C’est la deuxième fois que ce procès en appel, pour traite d’être humains et proxénétisme en bande organisée, est repoussé. En janvier dernier, juste avant les réquisitions du procureur, l’audience avait dû être suspendue car l’un des accusés avait contracté le Covid-19.
« C’est très douloureux de revenir » témoigner, « je tombe en dépression à chaque fois », a confié à l’AFP l’une des parties civiles, âgée de 33 ans. « C’est très décourageant et compliqué pour les victimes de comprendre ces reports successifs », a abondé son avocate, Kathleen Taieb. « On espère qu’elles vont tenir le coup et revenir », a insisté Me Catherine Delanoë Daoud, qui représente une jeune femme disant avoir été prostituée de force et avoir subi un avortement sauvage alors qu’elle avait 14 ans.
En janvier, à la barre, sa cliente avait déjà livré son supplice avec peine. De leur côté, les avocats de la défense n’ont pas souhaité commenter. Les quatre accusés, trois hommes et une femme âgés d’une vingtaine à une trentaine d’années, sont accusés d’appartenir à un réseau qui recrute, sur de fausses promesses, des filles originaires de l’Etat d’Edo (sud-ouest du Nigeria), organise leur émigration périlleuse jusqu’en Europe, puis leur prostitution forcée en France.
Sur les seize victimes identifiées dans l’affaire, deux sont mortes noyées en traversant la Méditerranée. En première instance à Paris, les lourdes peines, de 10 ans à 19 ans de réclusion criminelle, avaient marqué les esprits. Omos Wiseborn, chanteur de reggae, accusé d’être recruteur, transporteur, hébergeur et proxénète au coeur du réseau, avait été condamné à 19 ans de réclusion criminelle.
Le couple Blessing Ubi et Dennis Brown, accusés d’être hébergeurs et proxénètes, avaient écopé respectivement de 15 ans et 13 ans de réclusion. Emmanuel Aiwansosa, prétendu infirmier ayant pratiqué un avortement sauvage sur l’une des jeunes femmes, avait été condamné à 10 ans de réclusion. Fait notable pour ce type d’affaire : la circonstance de « bande organisée » avait été retenue, menant ainsi les mis en cause devant une cour d’assises où les peines encourues sont plus élevées qu’en correctionnelle.
AFP