Des députés britanniques ont estimé lundi que le projet de Londres d’expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement est loin d’avoir l’effet dissuasif escompté contre les traversées de la Manche, et plaident pour un examen en France des demandes d’asile.
Espérant lutter contre ces traversées à bord de petites embarcations en constante augmentation et réaliser l’une des promesses du Brexit en luttant contre l’immigration clandestine, le gouvernement conservateur a conclu un accord avec le Rwanda, mais aucune expulsion n’a encore eu lieu. Un premier vol prévu en juin a été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme.
Dans un rapport publié lundi, la commission parlementaire des affaires intérieures a estimé qu’il n’existe « aucune preuve claire » que cette politique hautement controversée dissuade des migrants de faire la périlleuse traversée. « Le rapport conclut que les efforts du gouvernement pour trouver une solution unique à bas-coût pour clore cette voie d’entrée sont irréalistes et ne réussiront pas », souligne la commission dans un communiqué.
Les députés recommandent notamment de négocier avec la France l’installation de centres d’examen des demandes d’asile, par exemple en établissant un programme pilote. Dans son rapport, la commission « reconnaît qu’il s’agit d’une question litigieuse entre les gouvernements britannique et français », et insiste sur la nécessité d’établir des assurances que les migrants dont la demande serait rejetée soient « détenus et expulsés, afin qu’ils ne retournent pas simplement sur les côtes françaises ».
« Nous avons une recherche de nouvelles politiques radicales qui font peut-être de bons titres dans la presse mais ne font que peu de choses pour lutter contre l’afflux de gens prêts à risquer leurs vile pour rejoindre le Royaume-Uni par tous les moyens », a dénoncé la députée Diana Johnson (travailliste), présidente de la commission.
Les députés soulignent que les traversées de la Manche à bord de petites embarcations continuent à augmenter de manière importante: 28.500 personnes sont ainsi arrivées au Royaume-Uni en 2021, et déjà 14.000 cette année, si bien que le total pourrait atteindre 60.000 d’ici à la fin de l’année. Au moins 166 personnes sont mortes ou été portées disparues en tentant la traversée, dont 27 en une seule journée fin 2021.
« Il n’y a pas de solution miracle pour résoudre la crise migratoire à laquelle le monde est confronté, mais nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réparer le système d’asile défaillant au Royaume-Uni », a réagi un porte-parole du ministère de l’Intérieur, défendant les projets gouvernementaux visant à briser le « business modèle » des passeurs.
AFP