L’activiste yoruba nigérian Sunday Igboho, incarcéré depuis 8 mois au Bénin après avoir fui son pays où il était activement recherché, a été libéré lundi soir et placé sous contrôle judiciaire à Cotonou, a-t-on appris mardi matin de source judiciare et de son avocat.
« La justice béninoise a ordonné lundi après-midi sa libération sous contrôle judiciaire. Il est sorti de prison peu avant 22H00 », a déclaré à l’AFP son avocat Ibrahim Salami. « Il ne s’agit pas d’un non-lieu, il est toujours poursuivi pour +association de malfaiteurs+ », a-t-il précisé. Cette remise en liberté « sous conditions avec des obligations bien définies », a été confirmée à l’AFP par une source judiciaire au tribunal de première instance de Cotonou.
Sunday Igboho, de son vrai nom Sunday Adeyemo, « n’a pas droit de voyager ni de quitter le Bénin », a précisé son avocat, qui voit dans cette décision « le refus du gouvernement béninois d’accéder à la demande d’extradition formulée par le Nigeria ».
Début juillet, les forces de sécurité nigérianes avaient fait une descente dans la maison de Sunday Igboho, qui milite pour la création d’une nation yoruba dans le sud-ouest du Nigeria, où ils avaient retrouvé des armes de guerre, ainsi que procédé à l’interpellation de 12 hommes et une femme, selon les autorités.
Le militant séparatiste avait réussi à s’enfuir et était activement recherché par Abuja, qui lui reproche de vouloir déclencher « une violente insurrection contre l’Etat ». Quelques jours plus tard, il avait été interpellé à l’aéroport international de Cotonou, au Bénin voisin, d’où il tentait de partir pour l’Allemagne.
Depuis cette date, il était incarcéré à la prison civile de Cotonou. « Il a été libéré hier soir et a rejoint une maison à Cotonou », a précisé son avocat, ajoutant que celle-ci est gardée par la police à leur demande, « car sa sécurité doit être garantie ».
« Il va désormais pouvoir accéder à des soins de santé appropriés », a poursuivi l’avocat. « Lorsque son domicile avait été attaqué au Nigeria, il avait sauté du deuxième étage et s’était blessé au niveau de la cage thoracique », a-t-il précisé.
Avant sa fuite, Sunday Igboho réclamait l’indépendance du sud-ouest du Nigeria pour le peuple Yoruba à la suite de violences attribuées à des éleveurs peuls dans sa région. Pour 220 millions d’habitants, le Nigeria compte plus de 250 groupes ethniques – dont les trois principaux sont les Haoussa dans le nord, les Igbo dans le sud-est et les Yoruba dans le sud-ouest – et est régulièrement secoué par des tensions communautaires.
AFP