L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reste décidée à réclamer l’accès de l’aide humanitaire au Tigré, région du nord de l’Ethiopie en guerre depuis plus d’un an, en dépit de la plainte déposée par l’Ethiopie contre son patron.
Le gouvernement éthiopien a demandé jeudi l’ouverture d’une enquête pour « forfaiture » à l’encontre du directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour ses commentaires sur la situation humanitaire au Tigré, dont il est lui-même originaire.
L’OMS a affirmé dimanche être « au courant que le ministre éthiopien des Affaires étrangères avait envoyé une note verbale ». Mais, l’OMS « va continuer à demander au gouvernement éthiopien d’autoriser l’accès de l’aide humanitaire aux sept millions de personnes qui vivent au Tigré, en Ethiopie, et subissent de fait un blocus, depuis plus d’un an, selon l’ONU », a insisté l’organisation.
Le gouvernement a estimé jeudi dans un communiqué que des déclaration du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus menaçaient l’intégrité de l’OMS, en appelant à l’ouverture d’une enquête contre lui pour « forfaiture et violation de sa responsabilité professionnelle et légale ».
« Nulle part ailleurs dans le monde nous assistons à un enfer comme au Tigré », avait affirmé plus tôt dans la journée le directeur général de l’OMS. Il est « épouvantable et inimaginable à notre époque, au 21e siècle, qu’un gouvernement refuse à son propre peuple, depuis plus d’un an, l’accès à la nourriture, aux médicaments et à tout ce qu’il faut pour survivre », avait-il ajouté en appelant à une résolution « politique et pacifique » du conflit.
Le Dr Tedros « s’est immiscé dans les affaires intérieures de l’Ethiopie, y compris dans les relations de l’Ethiopie avec l’Etat d’Erythrée », a dénoncé le ministère éthiopien des Affaires étrangères, citant un courrier envoyé à l’OMS. Le gouvernement éthiopien accuse le Dr Tedros de soutenir le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui a dirigé l’Ethiopie durant près de 30 ans, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de l’actuel Premier ministre Abiy Ahmed.
La mission de l’Ethiopie aux Nations unies a également protesté contre les propos tenus par le chef de l’OMS et l’a appelé à « se récuser de tout sujet concernant l’Ethiopie ». La crise au Tigré fait l’objet d’un traitement similaire à celui de toutes les crises humanitaires où l’OMS est amenée à intervenir, a rappelé dimanche l’organisation, en précisant ne pas avoir pu y apporter de matériel médical depuis le 15 juillet 2021.
Abiy Ahmed, a envoyé en novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales, issues du TPLF, qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.
AFP