Le gouvernement éthiopien a affirmé vendredi que ses troupes n’avanceraient pas à l’intérieur du Tigré, où les rebelles se sont repliés cette semaine, mais a ajouté que cette position pourrait changer si la « souveraineté territoriale » du pays était menacée.
Lundi, les rebelles du Tigré ont annoncé s’être repliés dans leur région, quittant celles voisines de l’Amhara et de l’Afar où ils avaient progressé ces derniers mois, ouvrant une nouvelle phase dans ce conflit meurtrier.
Bien qu’il ne soit pas encore confirmé, le repli du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) a nourri l’espoir de voir s’ouvrir des discussions de paix, après plus de 13 mois d’une guerre qui a déclenché une profonde crise humanitaire.
Vendredi, le service de communication du gouvernement a déclaré dans un communiqué que les forces fédérales avaient sécurisé l’est de l’Amhara et l’Afar, et reçu l’ordre de « scrupuleusement rester dans les zones sous notre contrôle ». « Le gouvernement éthiopien a décidé de ne pas ordonner à ses forces d’avancer plus avant dans la région du Tigré », dit le texte publié sur Twitter.
Cette décision pourrait aller dans le sens d’un apaisement après des mois d’intenses combats qui ont vu les deux parties revendiquer des avancées territoriales majeures. Pendant un temps, les rebelles affirmaient se trouver à environ 200 km de la capitale Addis Abeba, poussant plusieurs pays – dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni – à demander à leurs citoyens de quitter l’Éthiopie.
Fin novembre, les médias d’Etat avaient annoncé l’arrivée sur le front du Premier ministre Abiy Ahmed, un ancien lieutenant-colonel de l’armée, pour y mener une « contre-offensive ». Le gouvernement a ensuite revendiqué plusieurs victoires. Lundi, la porte-parole de M. Abiy, Billene Seyoum, a déclaré à l’AFP que l’annonce du TPLF, présentée comme visant à « ouvrir la porte » à l’aide humanitaire, servait en fait à masquer des déconvenues militaires.
Jusqu’ici, le TPLF qualifiait d' »absolument pas envisageable » un retrait de l’Amhara et de l’Afar, réclamé par le gouvernement comme préalable à des négociations. De leur côté, les rebelles exigeaient des autorités fédérales qu’elles mettent fin au « siège » du Tigré.
La guerre a éclaté en novembre 2020 après que M. Abiy a envoyé l’armée fédérale au Tigré afin d’en destituer les autorités locales, issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.
Le Premier ministre avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, le TPLF a repris l’essentiel du Tigré, puis avancé en Afar et en Amhara. Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.
AFP