Le prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, médecin dans l’est troublé de la République démocratique du Congo (RDC), s’est inquiété mercredi de la récente promotion par le président Félix Tshisekedi d’un ancien chef rebelle, appelant de nouveau au respect de l’État de droit.
Tommy Tambwe, qui a appartenu au RCD-Goma et au M-23 notamment, ex-mouvements rebelles soutenus par le Rwanda dans l’est de RDC, a été nommé en fin de semaine dernière coordinateur du « programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation » (PDDRC-S).
« Nous exprimons notre circonspection face » à cette nomination, écrit le Dr Mukwege dans un communiqué, déplorant que lors de précédentes opérations « sous-financées et bâclées » de désarmement de miliciens, des « criminels » aient été gratifiés au lieu d’être traduits en justice.
« Cette situation favorise l’émergence d’un système légitimant la violence et la commission de crimes comme mode d’accès au pouvoir », estime-t-il, en appelant à « la mise à l’écart des institutions publiques des personnes responsables de violations des droits humains ».
Interrogée par l’AFP sur la nomination de M. Tambwe, une source à la présidence a souligné que celui-ci ne figurait sur aucune « liste noire » de l’ONU ou d’un tribunal international et que son profil répondait aux critères nécessaires pour oeuvrer au désarmement des milices qui sévissent dans l’est de la RDC.
« Il connat très bien le terrain », parle les langues de la région, a lui-même profité d’un programme de démobilisation… « Qui mieux que lui pourrait faire ce travail? », s’est interrogée cette source, ajoutant: « on ne fait la paix qu’avec ses anciens ennemis ».
Déjà en avril dernier, le Dr Mukwege et plusieurs dizaines d’ONG avaient demandé au président Tshisekedi d’agir contre l’impunité des auteurs présumés de crimes commis pendant les conflits qui déstabilisent le pays depuis près de 30 ans.
AFP