La junte au pouvoir au Tchad depuis la mort du président Idriss Déby Itno a autorisé pour la première fois une manifestation prévue vendredi de l’opposition la plus critique, selon un arrêté publié lundi du ministre de la Sécurité publique.
Des associations de la société civile et le parti « Les Transformateurs » de l’opposant Succès Masra appellent à manifester à N’Djamena « contre les violations systématiques des droits de l’Homme et l’accaparement du pouvoir par le Conseil militaire de transition » (CMT), a déclaré à l’AFP Mahamat Nour Ahmed Ibedou, l’un des organisateurs de cette marche.
Le chef du CMT, Mahamat Idriss Déby Itno, fils du défunt président, entouré de 14 généraux, concentre à 37 ans presque tous les pouvoirs. Il s’est arrogé les titres de président de la République et de chef suprême des armées. Il a promis des élections « libres et démocratiques » dans une période de 18 mois renouvelable, mais sans exclure une prolongation de la transition.
« La marche dite pacifique du parti politique les Transformateurs et les associations de la société civile (…) ayant déposé préalablement une demande d’autorisation est autorisée pour le vendredi 16 juillet », selon un arrêté signé par Souleymane Abakar Adoum, ministre de la Sécurité publique, précisant « qu’en cas d’infraction ou de débordements, les organisateurs seront tenus pour responsables ».
« Bientôt le peuple va pouvoir marcher 365 jours sur 365 s’il le souhaite et personne ne résistera à cela », a déclaré à l’AFP Succès Masra, dont la candidature à la présidentielle d’avril avait été invalidée au motif de son âge: 38 ans, soit moins que les 40 ans minimum requis.
Le 27 avril, six personnes avaient été tuées à N’Djamena et dans le sud du Tchad, selon les autorités, neuf selon une ONG locale, au cours de manifestations interdites, à l’appel de l’opposition et de la société civile. Plus de 600 personnes avaient été arrêtées.
Le 12 mai, la junte avait autorisé une manifestation à l’appel de Nouvelle vision, une plate-forme de 42 partis se disant de l’opposition, mais affichant son « soutien indéfectible » au pouvoir militaire.A la suite de l’annonce de la mort du président Déby le 20 avril, le CMT a dissous le Parlement et le gouvernement et abrogé la Constitution.
Sous la pression internationale, la junte a finalement nommé un « gouvernement de transition » de civils le 2 mai, dirigé par Albert Pahimi Padacké, le dernier Premier ministre du défunt.
Le CMT a également promis de « nommer » les membres d’un Conseil national de transition (CNT) qui fera office d’organe législatif de transition, désignation qui se fait encore attendre.
AFP