La campagne de vaccination contre le Covid-19 a été officiellement lancée jeudi en Centrafrique, au moment où le président de ce pays parmi les plus pauvres du monde s’inquiète d’une forte progression de l’épidémie depuis le début de l’année.
Le pays, confronté à une grave crise alimentaire, a reçu un premier lot de 60.000 doses du vaccin AstraZeneca, fourni par le système international Covax, qui doit permettre aux pays les moins développés d’avoir accès aux doses, a indiqué le ministère de la Santé. Ce pays enclavé d’Afrique centrale, ravagé par une guerre civile depuis près de huit ans, est l’un des derniers à débuter sa campagne de vaccination.
A ce jour, 7.010 cas y ont été enregistrés, pour 96 décès. La courbe est en forte progression depuis le début de l’année: le nombre de contaminations enregistrées pendant les quatre premiers mois de 2021 est vingt fois supérieur à celui du dernier trimestre de 2020, selon la présidence.
« L’épidémie s’étend en profondeur dans les villages », a affirmé mercredi le président Faustin Archange Touadéra dans un communiqué, s’inquiétant d’une « menace qui a un potentiel déstabilisateur inquiétant et dont l’ampleur s’intensifie chaque jour ».
Les agents de santé les plus exposés, les personnes âgées et les personnes présentant des comorbidités seront vaccinés en priorité, a précisé jeudi le ministre de la Santé Pierre Somsé. Selon le président, « les mesures prises par le gouvernement pour contrer la propagation de ce fléau ont connu un relâchement presque total dû au déni de la maladie, aux préjugés et à la désinformation ».
L’ONU a estimé mercredi que près de la moitié de la population de ce pays d’Afrique centrale était en « situation d’insécurité alimentaire », en raison de l’épidémie de coronavirus, mais également à cause de la situation sécuritaire.
« Plus de 2,2 millions de personnes, dont la plupart vivent dans les zones rurales, risquent de se retrouver en situation d’insécurité alimentaire aiguë entre avril et août et une aide d’urgence est nécessaire pour éviter que des gens meurent », a développé mercredi dans un communiqué l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Sur 4,9 millions d’habitants, « plus de 630.000 personnes sont en situation d’urgence, ce qui signifie qu’elles risquent (…) de retirer leurs enfants de l’école ou de recourir à la mendicité », ont estimé la FAO et le PAM. Pour les deux organisations, cette crise a « augmenté sous l’effet d’un regain de violence en décembre, en marge des élections présidentielle et législatives » dû à une offensive de six des plus puissants groupes armés.
Depuis la mi-janvier, les forces armées centrafricaines, aidées par quelque 12.000 Casques bleus, mais aussi des centaines de militaires rwandais et de paramilitaires russes ont mené une contre-offensive pour reprendre plusieurs villes, ouvrant l’axe de ravitaillement vital reliant la capitale, Bangui, au Cameroun.
AFP