L’inflation a dépassé la barre des 300% au Soudan en janvier, aggravant davantage la crise économique qui a entraîné récemment des manifestations et que le nouveau gouvernement va devoir gérer, a annoncé lundi l’Institut soudanais des Statistiques.
« Le taux d’inflation annuel a atteint 304,3% en janvier, contre 269,3% en décembre », a indiqué l’Institut dans un communiqué, attribuant cette tendance à une hausse notamment des prix de l’alimentation.
Des manifestations parfois violentes ont éclaté ces dernières semaines dans plusieurs régions soudanaises, du Darfour (ouest) à la ville côtière de Port-Soudan (est), pour protester contre la cherté de la vie.
Les autorités ont tenu pour responsables de cette montée de la grogne populaire les partisans de l’ancien président Omar el-Béchir, chassé en avril 2019 après trente ans de pouvoir sans partage.
Le triplement du prix du pain décidé en décembre 2018 par le gouvernement de M. Béchir –aujourd’hui en prison– avait été l’un des éléments déclencheurs de la révolte populaire.
Khartoum s’est doté la semaine dernière d’un nouveau gouvernement plus inclusif dont l’une des priorités est le rétablissement de l’économie, en lambeaux, après des décennies de mauvaise gestion et plus encore avec la pandémie de coronavirus.
Le nouveau ministre des Finances Gibril Ibrahim est un ancien chef rebelle et économiste. Outre l’inflation vertigineuse, ce pays de 40 millions d’habitants est plombé par une dette colossale (plus de 49 milliards d’euros), par un manque chronique de devises et par diverses pénuries. Autant de menaces pour la réussite de sa transition politique.
Le Soudan espère que son récent retrait de la liste américaine des Etats accusés de soutenir le terrorisme –avec des sanctions à la clef– permettra un allègement de sa dette et un afflux de capitaux étrangers. Khartoum a annoncé en janvier vouloir réduire l’inflation à 95% avant la fin de l’année.
AFP